AU PAS SAGE

e.veille et e.tcetera...
Au Pas Sage vous raconte des histoires de ce qui se passe, de ce qui s'est passé et de ce qui se passera réellement... ou pas!

mercredi 19 octobre 2011

François Hollande l’homme idoine

Voilà, c’est fait, la gauche, ou plutôt une partie des citoyens français ont choisi le candidat du Parti Socialiste pour la course à la présidentielle. Je ne reviendrais pas ici sur le bilan de cette primaire ni sur les petites attaques comme sur l’asphyxie de l’UMP qui cherchait en vain un peu d’air.

Je parlais la semaine dernière de respiration à propos de ce nouveau processus démocratique, donc on peut dire que cette semaine tout le monde respire. Les uns vont pouvoir de nouveau occuper la scène médiatique qu’ils chérissent tant (nonobstant Madame Morano qui visiblement passe plus de temps sur les plateaux de télévision que dans le ministère dont elle a la charge : l’apprentissage une « priorité » pour ce gouvernement) et les autres vont préparer l’échéance présidentielle à venir.

L’effet papillon

En septembre 2010 je discutais avec quelques proches et je leur disais que François Hollande, s’il est candidat à la primaire socialiste, l’emportera en octobre 2011 puis gagnera la présidentielle de 2012. Je reconnais qu’il est facile de l’écrire ici aujourd’hui mais c’était bien l’objet de ces discussions animées autour de crus exquis. Je ne suis ni devin, ni parieur, mais même si je n’avais pas prévu la lamentable affaire du Sofitel de New York quoique prévisible sachant tout ce qui circulait en off sur DSK dans le landerneau médiatique parisien, je pensais que le champion des sondages était trop loin des citoyens français, trop confus sur son ancrage à gauche et surtout que le locataire actuel de l’Elysée devait préparer un dossier explosif contre son concurrent à venir.
Le Président de la République a des traits de ressemblance avec Don Salluste le personnage incarné par le regretté Louis de Funès dans « La Folie des grandeurs » (librement inspiré de « Ruy Blas de Victor Hugo) le film de Gérard Oury (1971) et il aurait pu faire sienne cette fameuse réplique : « Votre petite bombe tout à l'heure, elle était très mal réglée, elle a pété beaucoup trop tôt. Mimimi pif. Tandis que ma bombe à moi, ma grande bombe là-bas, elle explosera beaucoup plus tard mais quand ça pétera, ça fera un scandale épouvantable. » Voilà ce qu’espérait peut être secrètement le président. Mais, et c’est ce qui est délicieux avec la politique et l’histoire, rien de ce que l’on pouvait anticiper n’eut lieu, la bombe a éclaté beaucoup trop tôt et a surpris tout le monde. Avec le recul c’est donc ce qu’il y avait de plus évident qui est arrivé.
Ainsi François Hollande parti bien avant, tranquillement mais surement endossait à la surprise générale le rôle de favori de la primaire. Il est malin le François, mais il est surtout intelligent, une intelligence politique doublée d’une intelligence sensitive, de celle qui vous permet de capter les bon signaux et d’en avoir la juste interprétation. En fait la vraie bombe, c’est lui !

L’homme du présent

Pour être élu président dans notre Cinquième République il y a deux chemins possibles. Sans nuances et avec raccourcis il faut :
- Soit provoquer le destin en créant le désir chez les électeurs, à coup de démagogie, d’illusions, de rêves, parfois de mensonges, tout en se montrant déterminé.
- Soit être la bonne personne au bon moment, être totalement inscrit dans le présent, dans le sentiment et le besoin de la majorité des citoyens.
- Et parfois… les deux.

 L’actuel « boss » du pays a gagné son « job » grâce à son talent qui lui a permis d’emprunter avec brio le premier chemin. Alors que François Hollande est certainement le marcheur qui emprunte le second. Il est l’homme du présent, celui qui s’inscrit précisément dans la nécessité actuelle et la conscience collective de la majorité des citoyens, de plus il est l’exact contraire de celui qui préside aujourd’hui. Si les hommes font l’histoire, l’histoire est une question de circonstance et certains hommes plus que d’autres sont adaptés aux circonstances, c’est alors à eux de prendre leur destin en main pour s’inscrire dans le temps.

Fin de l’enfance

En 2007, après plusieurs années de somnolence du politique,  le candidat de l’UMP a su toucher la fibre envieuse du peuple français, la fibre libérale, la fibre individualiste. Non seulement il a su la toucher mais il a su représenter ce que beaucoup de citoyen voulaient secrètement être, ce personnage qui ose, pour qui tout est possible jusqu’à s’affranchir des règles communes, ce personnage totalement décomplexé. Nous étions alors comme un enfant qui pensait n’avoir plus besoin de la frustration liée à l’exercice de l’autorité parentale. Comme en son temps Bernard Tapie fut très populaire parce qu’il osait ce que beaucoup n’osait pas tout en rêvant de le faire, le futur président d’alors nous disait en substance « avec moi tout est possible, si j’y arrive vous aussi, vous pourrez vous permettre ». Presque cinq ans plus tard nous pouvons tous constater le bilan plus que contrasté de cette vision infantile des désirs de la majorité des citoyens.
Mais je crois qu’une grande partie a compris aujourd’hui qu’il fallait désormais s’inscrire dans le présent et la réalité. Pour cela il faut suivre le  b.a.-ba de la structure d’un individu, c'est-à-dire établir des règles claires et qui sont respectées par une autorité qui en est garante !
C’est seulement ainsi que les individus peuvent progresser eux-mêmes tout en intégrant le collectif et c’est seulement alors que la confiance en soi puis dans le collectif commence à revenir, en bref c’est le passage réussi de l’enfance à l’âge adulte. Tout cela est, je l’admets, un peu simplifié, mais l’idée est bien là. Lorsque l’élite de la nation transgresse puis s’affranchit peu à peu puis de plus en plus rapidement des règles communes et pire des règles qu’elle est sensée représenter, les citoyens se mettent à faire de même et le pays fini alors par sombrer, ce qui chez nous se traduit par : endettement, corruption, chômage, communautarisme, repli sur soi, bouc émissaire jusqu’à nier la réalité tant notre responsabilité est devenue insupportable.

La pièce manquante

La crise, la défiance vis-à-vis des politiques, la peur de la mondialisation, la monté de la précarité et du chômage, le repli sur soi, l’impuissance économique, le népotisme, la corruption, les conflits d’intérêt voilà la situation d’aujourd’hui. Avec comme point d’orgue l’immense pessimisme des français. Nous sommes champions du monde dans la catégorie pessimisme (étude Voice Of the People), number one, the best of pessimism, Leader on the World of the pessimism. La chose positive c’est que nous sommes au moins champion dans un domaine.
Bien que notre nation s’en sorte mieux que d’autres nous déprimons ! Pour sortir de la déprime il faut des médicaments, une thérapie, une analyse, un changement de cap, une confiance en soi retrouvée. Mais surtout il faut un fonctionnement différent de la tête. La France est un pays qui lorsqu’il ne s’identifie plus à sa direction, il s’y oppose tout en déprimant, et en cette fin 2011 nous sommes arrivé à l’acmé de cette situation, nous déprimons et nous attendons (car l’idée républicaine et démocratique est encore très ancrée dans la population) les prochaines échéances électorales pour changer de capitaine et redonner une direction claire à notre vaisseau qui prend des airs de Titanic. C’est certainement salutaire, je pense donc qu’on peut dire que la victoire d’Hollande à la primaire est une preuve de maturité. Une majorité de français sait et surtout accepte désormais que tout n’est pas possible, qu’on ne réalisera pas tous ses rêves et ce n’est pas grave. Par contre être en permanence dans la transgression entraîne de facto le citoyen dans la dépression et l’impossibilité d’aller de l’avant. Tout cela François Hollande l’a compris et l’a senti tout simplement parce qu’il est un homme de la constance, de la synthèse et du rassemblement. Je pense donc qu’il sera le prochain Président de la République, il est la pièce manquante au puzzle de la république. Par la suite rien ne garanti le succès et la réussite, mais si le député de Corrèze sait bien s’entourer alors il réussira l’objectif de son quinquennat : que les français reprennent confiance en eux et en leur nation pour réinventer, imaginer et produire une société plus dynamique et plus juste. Même si en politique et en histoire on ne doit jamais oublier que rien n’est joué d’avance, mais que voulez vous je suis et reste un optimiste…
MB

PS : Pour mémoire dans la Folie des grandeurs Don Salluste l’homme avide d’or et de pouvoir fini enchaîné aux Barbaresques : 

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